Arménie - DILIDJAN : Un petit air russe ! Un petit air suisse !

Mardi après-midi 4 juin et mercredi matin 5 juin 2019

Nous mettons le cap sur Dilidjan. Dans chaque village, et parfois sur des kilomètres dans la campagne, des guirlandes, couleur métal, ou rouille, ou jaune, égaient le paysage ! Ce sont les canalisations de gaz !





Puis nous traversons un village "malakan", Fioletovo, une minorité russe présente en Arménie depuis le XVIIIe siècle, mais, jusqu'à présent, on n'en avait guère entendu parler... Quelques lignes dans le Petit Futé !!! (voir ci-dessous les Potins de la Commère). Petit répit : Apparemment, ce n'est pas ici que nous allons croiser beaucoup d'églises !









C'est sûr, il a fallu quand même emprunter une belle route... Mais par ici c'est fréquent.




 

Et bientôt c'est Dilidjan. Selon la population locale, le nom signifie «les belles paroles». Mais, selon une ancienne légende populaire, la ville a été nommée d’après un berger qui s’appelait Dili. Le berger Dili était amoureux de la fille de son maître, mais le maître était contre et a ordonné de tuer le berger. Pendant quelques jours, la mère triste pleurait cherchant son fils unique, criant désespérément "Dili djan, Dili djan … " (djan est un mot arménien qu’on ajoute au prénom de l’ami ou au membre de sa famille pour montrer son affection). C’est pourquoi, la ville serait appelée Dilidjan. 

Nichée dans son écrin de verdure, elle offre un visage radieux. On est au cœur de la ville ! Et ses habitants la désignent sous le nom de « Petite Suisse Arménienne ». Ils la surnomment ainsi à cause de la magnificence et de la douceur de ses paysages : splendides montagnes et vallées boisées ainsi que des alpages... et aussi en raison de son habitat traditionnel préservé. 


Dans les petites rues pavées de la vieille ville, les restaurants et les ateliers d'artisanat se suivent ; les maisons en pierre assez claire arborent de charmantes terrasses avancées en bois et des toits en tuile. 



Mais une partie de la ville ressemble à une "ville russe" traditionnelle.









Dilidjan est un centre de cure grâce à son climat doux, l’air pur, le soleil chaud et l’eau minérale «Dilidjan», fameuse dans tout le pays, riche en acide carbonique et en natrum hydro-carbonique offrant des conditions favorables pour le traitement des maladies pulmonaires, gastro-intestinales et des os. Nous voilà donc en super-forme !

Mais devinez ce que l'on découvre en plus ici ??? Des monastères bien sûr ! C'est pas banal, non !!! S'il existe de nombreux monastères dans la région – et dans toute l'Arménie !!! deux d'entre eux retiennent particulièrement l'attention dans la province de Tavush, dont Dilidjan est la capitale. 

Le monastère de Goshavank est renommé pour les clochers parfaitement coniques, pour les détails sculptés dans les parois de certains murs, et pour la finesse de son Khatchkar (un type de calvaire typique arménien, en forme de stèle). 








Haghartsin est pour sa part réputé pour ses multiples églises et leurs voûtes monumentales, ainsi que son gigantesque arbre creux. Ce fut d'abord une modeste église Saint Grégoire, agrandie sous l'influence d'un moine poète, musicien qui y établit une école de musique. Le monastère a subi tout au long des siècles les invasions seldjoukides, mongoles ... Dernière spoliation en 1920 lors de la soviétisation. Il a été rendu à l'église arménienne après l'indépendance de 1998.Tout au long de cette histoire tumultueuse (et encore il semble avoir échappé aux tremblements de terre !) il a été reconstruit, modifié, agrandi plusieurs fois. La dernière restauration date de 2008. Son histoire est surprenante. En 2008 un souverain des Émirats Arabes Unis visita ce lieu et il fut si impressionné qu'il signa un accord avec l’Église arménienne pour sa restauration en y joignant un chèque, substantiel ! Aujourd'hui des messes y sont régulièrement célébrées et  ce monastère, lieu vénéré par les Arméniens est souvent choisi comme lieu de baptême des enfants. 

Nous sommes allés jusqu'au noyer dont on dit qu'il aurait été planté lors de la construction du monastère. Il a lui aussi subi bien des assauts. Il parait que passer par le trou que présente le tronc porterait bonheur !





















Les potins de la commère :

Les Malakans - Les "Amishs" du Caucase

Les Malakans forment une toute petite communauté parmi les minorités arméniennes. Implantés à Erevan, mais surtout dans des villages, comme celui de Fioletovo, entre Vanadzor et Dilidjan, ils sont les descendants d'une secte chrétienne russe née en Russie dans les années 1550, durant le règne d'Ivan Le Terrible (1533-1584), et qui fut persécutée par le régime des Tsars et notamment par Catherine II. A l'époque, toute appartenance sectaire était suspecte aux yeux des maîtres de la Russie orthodoxe, et c'est la " grande Catherine " qui décida de les déporter en Transcaucasie, où ils vivent depuis, notamment en Arménie. Motif de la colère tsariste : la secte prétendait réformer peu ou prou les préceptes chrétiens, revenir à des valeurs bibliques plus fondamentales. Ils s'abstenaient ainsi de respecter les jours de jeûne suivis par les fidèles de l'Eglise orthodoxe. 

De cette pratique ils doivent leur nom : Malakans . Malako signifie boire en russe, et les Malakans, majoritairement des paysans, buvaient du lait les jours de jeûne. Par ailleurs, leur foi interdit la représentation de Dieu. Images, statues et croix sont bannies de leurs maisons. Tous les dimanches, hommes et femmes se retrouvent dans la « maison des prières » (surtout  ne pas confondre avec une église !) pour lire et chanter la Bible. On cherchera en vain dans leurs domaines une église ou l'un de ces signes extérieurs de chrétienté : les Molokans pensent que c'est la réunion des fidèles - et non le lieu - qui est sacrée. De même, au dessus des tombes dans le cimetière de Fioletovo, pas de croix, mais de curieuses petites boîtes métalliques, avec une phrase en russe, rappelant les dates de la personne qui repose là, et aussi, ses qualités de croyant. 

Pacifistes, très religieux, les Malakans se sont organisés en Arménie de manière quasiment autarcique. Ils parlent surtout le russe, peu d'entre eux maîtrisent l'arménien et, à l'école, c'est aussi en russe que sont donnés les cours. Ainsi, à Fioletovo, en pleine Arménie, le dépaysement est assuré : on est quelque part en Russie ancienne, les femmes portent des foulards traditionnels sur les cheveux, les hommes une longue barbe en signe de foi et gardent une casquette sur la tête. Les couleurs dominantes sont le bleu des yeux et le blond presque blanc des cheveux des Malakans que l'on croise. La route qui traverse le village est bordée de petites maisons qui rappellent les isbas des plaines russes, blanchies à la chaux, aux volets de couleur. 


Les Malakans sont paysans dans leur grande majorité et à Fioletovo, ils cultivent surtout des choux et des pommes de terre. Les plus jeunes sont mis à contribution dans presque chaque famille, une fois l'école terminée. Très peu s'orientent vers l'université - ce qui pose d'ailleurs à nouveau le problème de la langue pratiquée au sein des minorités d'Arménie. 
L'appréciation des villageois du village arménien voisin reste élogieuse : les Malakans sont des gens travailleurs, qui possèdent presque tous un tracteur. Courtois, aimables, sans problèmes. Ils ne se marient qu'entre eux ou presque. On ne recense pas beaucoup de cas où une fille ou un garçon arménien est venu chercher époux ou épouse ici. Comme dans les familles arméniennes, les familles Malakans rassemblent plusieurs générations sous le même toit. Sur les tables des petites " isbas ", la Bible et les évangiles sont grand ouverts en permanence, on ne les range que pour donner place aux étrangers qui arrivent, et auxquels on offre le lait et des tranches de gros pains dorés et moelleux qui sortent des fours traditionnels. Pas de "donir" ici, mais ce four qui traverse toute la maison, et reste allumé quasiment tout le temps. 

Mais, par suite des persécutions, des conflits interethniques et de leur refus d’accomplir le service militaire, plusieurs milliers de Malakans quittèrent la Transcaucasie pour le Canada, le Mexique, la Palestine et les Etats-Unis ou furent déportés par le tsar. Au total, les Molokans seraient 20 000 à travers le monde, mais au plus fort de son expansion, la secte a revendiqué plusieurs centaines de milliers de fidèles. En Arménie, les Malakans ont en tout cas trouvé une patrie, une possibilité de pratiquer leur foi. Mais la communauté russe d’Arménie ne compte plus que 9 900 personnes, dont presque la moitié sont des descendants des sectateurs, concentrées dans seulement deux villages que nous traversons – Lermontovo (dont la moitié de la population est désormais arménienne) et Fioletovo.





A suivre :


Pratique : 100 AMD =0,182014EUR

DILIDJAN : GH DILI VILLA -Myasnikyan St 12A - 1 nuit chambre double : 16000 AMD (PDéj : en plus 5€/1) - On ne recommande vraiment pas cette GH - Des chambres minuscules qui ne ferment pas ; et soit il faut passer par la cuisine pour aller aux toilettes, soit on est au 2e et il faut descendre au 1er.  Une literie abominable - Accueil correct (tasse de thé et fruits) - Mais ensuite personne...

2 commentaires:

  1. Trop belle, la route : pire que certaines pistes de montagne par chez nous..
    Les monastères sont ravissants : on dirait des maisons de poupées !

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  2. Et nous n'avons pas de 4x4 !!! (volontairement...). Le chauffeur s'est fait à la conduite sur de telles routes, presque synonymes de moins de touristes.

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