Mercredi 12 juin 2019
Nous profitons de notre second passage à Erevan pour découvrir, au nord de la ville, un quartier que nous avions volontairement délaissé.
Au sommet d'une colline dominant Yerevan, Matenadaran conserve plus de 17000 manuscrits très anciens, mais on ne va pas tous les feuilleter !!! Les plus anciens ouvrages remontent au Ve siècle. Ils couvrent tous les domaines de la science à la culture. Comme on ne comprend rien de rien à ce qui est écrit, on s'intéresse particulièrement aux magnifiques enluminures qui illustrent les textes...
Et pour le corps médical :
Comme on avait une pensée pour Rapha, voici ce qu'on a découvert :
Raffaella, c'est coconut !!!
Sur la façade, des statues rendent hommage aux Arméniens célèbres (enlumineurs, théologiens, poètes, historiens, mathématiciens, religieux ...) L'une d'elles glorifie le créateur de l'alphabet arménien, un moine Mesrop Machtots... Cet alphabet nous a donné du fil à retordre !
Centre culturel, économique et politique d’environ 1 million d’habitants (un gros tiers de la population du pays), Yerevan est une ville où l’on se sent bien. La ville est très vivante avec de nombreuses terrasses de cafés et de bars qui sont ouverts tard le soir notamment vers la place de l’Opéra, peu éloignée de notre logement.
Ce qu’on appelle les Cascades, ce sont ces grands escaliers de 118 mètres de haut et 572 marches ! (mais des escalators existent !!! très bien pour monter, mais Maguy a encore eu une crise de vertige devant l'à-pic pour la descente, donc tout à pattes !), qui relient la colline au centre ville, et sortis de terre dans les années 80, agrémentés de fontaines, sous lesquels se trouvent un musée. Sa construction fut entreprise en 1980, mais fut suspendue en 1988 après le terrible tremblement de terre qui ravagea l'Arménie. En 2002 l'industriel américain Gérard Cafesjian fit don à la ville d'une grande partie de sa collection d'art en échange de quoi il devint propriétaire de cet escalier. Il en a fait un musée d'art contemporain pour partie en plein air.
Mais Les Cascades, c’est aussi et surtout un lieu agréable, avec une place en face, la place Tamanyan, avec le jardin des sculptures à découvrir. Ce joli jardin comporte quelques sculptures de célèbres artistes tels que Botero ou James Plensa, pour ne citer qu’eux. On est accueilli au pied de la Cascade par cette dame plutôt rondelette fumant tranquillement sa cigarette. Puis, un peu plus haut, le long de cette même Cascade, on se trouve nez à nez avec la statue d’un gars qui rit aux éclats. Et avec ça, vous ne trouvez pas ça drôle, Erevan ???
Encore quelques marches et l’horizon s’élargit, dévoilant un peu plus la ville à nos pieds. La dernière terrasse est incontestablement le meilleur spot pour observer le mont Ararat et ses 5165 m, symbole national de l’Arménie (il figure sur les armoiries du pays). Un symbole qui se trouve aujourd’hui, pour le plus grand malheur des Arméniens, en Turquie. Un affront abominable et, certainement pour le faire oublier, il se cache le plus souvent derrière un voile nuageux !
Et puis il nous restait à découvrir la Place Charles Aznavour...
Et nos rencontres habituelles :
ou inhabituelles :
Les potins de la commère :
MESROP Machtots (360 env.-440)
Inventeur de l’alphabet
arménien.
Mesrop Machtots est le fils d'un
azat (noble de classe inférieure) nommé Vardan. Il nait en Arménie
occidentale et reçoit une éducation libérale. Il fait de brillantes études et
parle couramment quatre langues : le grec, l'araméen, le perse et le géorgien.
De plus, il manie l'arménien avec une rare maîtrise.
Il occupe d'abord des fonctions
militaires avant de se tourner vers l'administration. Par sa piété et son
érudition, il est vite remarqué par les plus hautes instances de l'État et
finit comme secrétaire du Roi. Son rôle consistait à écrire en caractères
grecs, persans et araméens les décrets et édits du souverain. C'était parce
qu'à l'époque la pratique de l'arménien était uniquement orale.
Il quitte ensuite la cour des
Arsacides et se consacre à la religion et se retire dans un monastère avec
quelques compagnons soigneusement choisis. Là, il choisit une vie pleine
d'austérité entre ses nombreux jeûnes et la pauvreté. Il dormait à même le sol
et passait souvent des nuits entières dans l'étude et la prière des Saintes
Écritures. Cette vie fut la sienne pendant quelques années.
Il constate que, bien que le
Christianisme soit religion d'État depuis 301, beaucoup de fidèles ne sont que
superficiellement chrétiens, car ne lisant pas les Saintes Écritures. La non
écriture de la langue nationale apparait alors clairement comme une barrière à
l'évangélisation du peuple.
Avec le soutien du Roi et du
Patriarche, il se fixe pour objectif la création d'un alphabet arménien de
trente-six lettres (trente-huit à partir du XIIe siècle) en partie inspiré du
grec. Cette écriture a deux buts : d'une part créée une liturgie arménienne
écrite et d'autre part assurer l'unité culturelle et linguistique des
Arméniens. Le premier texte rédigé en Grabar (arménien classique, actuelle
langue liturgique de l'Église arménienne) est une traduction de la Bible.
L'intégralité de son travail va ainsi faire naître la littérature arménienne.
Mesrop Machtots rassemble
autour de lui de nombreux disciples et les envoie à Edesse, Constantinople,
Athènes, Antioche, Alexandrie, Rome ... dans le but de ramener des
chefs-d'œuvre littéraires. Il s'emploie au travail titanesque d'en rédiger des
copies en arménien. Beaucoup de ces textes originellement rédigés en grec et en
araméen n'ont survécu que par l'exemplaire arménien.
Soucieux que d'autres puissent
pleinement profiter de son œuvre, et avec l'encouragement du Roi et du
Patriarche, Mesrop fonde de nombreuses écoles dans les différentes régions du
pays, là l'alphabet est enseigné. Avec l'aide du Patriarche, il se rend à
Constantinople et obtient l'autorisation de l'Empereur de prêcher et d'enseigner
dans ses possessions arméniennes.
Le 17 février 440, Mesrop
Machtots s'éteint. Korioun, un de ses talentueux et fidèles élèves écrit :
" Saint Mesrop a trouvé sa juste place dans le royaume de Dieu au paradis
avec notre tout-puissant Sauveur ". Sa mort fut un véritable deuil pour
toute l'Arménie. Il fut inhumé avec tous les honneurs à Ochakan (à une
trentaine de kilomètres à l’ouest de Erevan). Sa tombe reste à ce jour un haut
lieu de pèlerinage.
Selon le poète moderne Parouir
Sévak, Mesrop Machtots fut " le plus grand homme politique que l'Arménie
ait connu ". En créant l'alphabet arménien, il permit l'unité linguistique
et culturelle et fit ainsi perdurer sa nation politiquement divisée.
C'est aujourd'hui un saint
vénéré par l'Église apostolique arménienne, l'Église catholique arménienne,
l'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe.
Pratiquement chaque ville en
Arménie possède une rue nommée d'après l'érudit Machtots. Par exemple, à Erevan
la rue Machtots est l'une des plus importantes du centre-ville. Il existe aussi
une statue à sa gloire devant le Matenadaran, l'un des plus riches dépôts de manuscrits et de documents au monde. A
Ochakan, où sa dépouille repose, une église lui est dédiée. Enfin, il apparait
fréquemment sur les timbres émis par l'Arménie.
Il est largement considéré par
les spécialistes du sujet comme étant à l'origine de l'alphabet arménien.
A suivre :
Quelles merveilles, ces enluminures ! C’est incroyable comme les couleurs sont encore vives. Et la planche anatomique est plutôt intéressante (il faudrait pouvoir traduire les légendes pour voir si elles sont appropriées).
RépondreSupprimerOh ! j’adore la théière… et les terrasses aussi… et la grosse dame…