Géorgie - AKHALSIKHE : La ville natale de Charles !


 Mercredi 26 juin 2019

Il y a deux routes depuis Batoumi pour rejoindre Akhaltsikhe : la plus courte en kilomètres (mais pas en temps !) est la piste qui passe par le col de Goderzi, 2025 m, ouvert de mai à octobre ; sinon il faut passer par Kutaïssi, avec une route goudronnée. Nous, avec Pajero Io, avons opté pour la piste qui permet de voir des paysages splendides, des villages pittoresques avec leurs maisons en bois perchées sur les hauteurs... 

Au départ, à 7 h du matin quand même, nous zigzaguons entre les mini-bus, les voitures, les camions, les piétons et les vaches, tout en évitant les énormes nids de poule… La vallée de la rivière Acharitstskali (que l'on va suivre une bonne moitié du trajet) est bordée d'eucalyptus et d'orangers... Les berges sont occupées par des champs de maïs... 


La route est sinueuse à souhait, avec des ponts anciens, dont celui de Dandalo, attribué à Tamar* ; les bateaux remontaient de la Mer Noire jusqu'ici. 


 On arrive à  Khulo, bourg accueillant, surplombant les gorges du fleuve. La plupart des habitants sont musulmans !  Et Mollah appelle à la prière ! Sur la place, des vendeurs de tabac !




 Nous  y faisons une petite pause, car il y a.... Devinez quoi ??? Raté !!! C'est un téléphérique vertigineux à 100 m au-dessus de la vallée, qui nous mène à Tago, un petit village typique avec ses maisons en bois traditionnelles et une mosquée  ! 







Et la cabine sert à tout !!!




















Et puis, une villageoise nous invite chez elle et nous offre un délicieux petit déjeuner (blinis tout chauds, confiture de prunes, smetana, fruits du jardin...)






La route est goudronnée au départ seulement. On a l'impression d'être à mille lieues du monde ! Fantastique...Cinq kilomètres après Khulo, la chaussée se dégrade de plus en plus comme si des torrents de boue l'avaient traversée ou fait exploser le bitume. Puis le  goudron disparaît définitivement. Mais Dago est devenu un spécialiste !





 Encore vingt-cinq kilomètres pour passer de 300 m à 2025 m. C'est le Goderzi Pass... Une station de ski est en plein développement ! Il va y avoir à faire pour la route d'accès !!!





 Avec la mosquée... et le panneau !





On descend après, mais cela ne s'améliore pas !!!

On approche d'Akhaltsikhé. Encore un nom aussi difficile à orthographier qu'à prononcer !!! Mais on s'y fait... Nous décidons de faire étape dans cette ville mi-géorgienne, mi-arménienne, toute proche de la frontière turque.

La ville d’Akhaltsikhé (en géorgien : ახალციხე, le « nouveau fort »), située en Géorgie sur un affluent du Kour, a été fondée il y a environ 800 ans et a alors constitué un centre administratif régional pour les Ottomans, du XVIe siècle jusqu’à la guerre russo-turque.

Au carrefour entre l'Arménie, la Géorgie et la Turquie, elle est restée sous domination ottomane pendant près de deux siècles, puis à la suite d'une bataille avec l'empire russe au début du XIXe siècle, elle est passée entre les mains des tsars russes en 1829 avant de faire partie de la Géorgie d'aujourd'hui. 

L'influence de la culture turque - toujours présente et à moins de 15 km -  est particulièrement forte et se reflète dans l'architecture, la cuisine et les coutumes vestimentaires locales. Au fil du temps, Akhaltsikhé est devenu un symbole de tolérance et une terre d'accueil. En effet, de nombreux peuples sont venus s'y installer à différentes périodes de l'Histoire, c'est le cas notamment des Russes, des Hébreux et des Arméniens.  D'ailleurs la famille de Charles Aznavour en est originaire !

L'attraction principale est la citadelle de Rabati. C'est ici que Turcs et Russes s'affrontèrent pour la domination de la région, aboutissant à une défaite des premiers. La forteresse a profondément changé depuis cette époque. Tombée en désuétude, elle a été réhabilitée sous la volonté du président Mikheil Saakachvili, lequel a profité de l'occasion pour ajouter quelques touches personnelles à l'édifice, quelques réinterprétations dignes de Viollet-le-Duc (L'ingénieur controversé ne se contente pas de rénover. Il ajoute à chaque bâtiment son petit «grain de sel» qui lui a valu de nombreuses polémiques).

Il s’agit d’ailleurs plutôt d’une reconstruction folklorique que d’une restauration, avec l’ajout de bâtiments, de tours, de fontaines et de balcons. Sa devise : "Rabati un symbole de tolérance". Bon ! Il y a des incohérences dans les aménagements réalisés et un manque d'authenticité. Le président a fait se côtoyer une église orthodoxe, une synagogue et une mosquée au sein de la forteresse. Les époques se bousculent, témoignant de l'incroyable richesse historique du pays. En somme, c'est le rêve d'un château ottoman par le pouvoir politique des années 2000 ! Il n'empêche que c'est éblouissant. On loge juste en face.
















(Vue de notre hôtel)




Les potins de la commère :

 AZNAVOURIAN



On sait qu’à l’état civil, le chanteur portait le nom d’AZNAVOURIAN. Un nom de baptême arménien signifiant "noble (azniv) et beau (avur’)". Nom qu’il fera officiellement raccourcir, en 1982, pour lui et ses enfants et devenir Aznavour, tout court, comme sur scène, pour l'avoir lui-même simplifié, à l’âge de 9 ans, lorsqu'il rêvait de devenir acteur.

Contrairement à ce que l’on peut parfois lire, il ne se prénomme ni Ravenagh ni Shahnourh Varinag, pour être bel et bien Charles tout court et tout simplement, sur son acte de naissance, rédigé en date du 22 mai 1924 à la mairie de Paris 6e. Un acte pourtant bien fantaisiste, en ce que, si le père est bien désigné comme Mamigon Aznavourian (dit Micha), artiste, âgé de 26 ans, la mère y est nommée Enache Papazian, alors qu’elle se nommait Knar Baghdassarian... Une erreur ou plutôt une approximation classique, dans l’état civil des familles d’exilés, à l’histoire chahutée.

Car avant de se retrouver à Paris, les Aznavourian avaient traversé de terribles épreuves.

Fils d’un cuisinier du gouverneur d’Arménie, Mamigon était né en 1897, à Akhaltsikhe, au Caucase (aujourd’hui en Géorgie, autrefois en Russie). Très jeune, il était parti, tenter sa chance à Istanbul où, doté d’une superbe voix de baryton, il avait commencé une carrière de chanteur, qui lui avait rapidement donné l’occasion de rencontrer Knar, comédienne et Arménienne elle aussi, qui avait perdu toute sa famille à l’âge de quinze ans, lors du génocide. Ils s’étaient mariés et avaient, sans attendre, embarqué sur un bateau italien, grâce au passeport russe du mari et à la générosité d’une riche Arménienne voulant sauver ses compatriotes démunis.

D’abord fixé à Salonique, où était née Aïda, la sœur aînée de Charles, le couple avait ensuite décidé de gagner les États-Unis, en empruntant un cargo français, qui les avait débarqués à Marseille, en octobre 1923. Knar est à nouveau enceinte – de Charles, qui naîtra à Paris, où le hasard les a conduits et où ils gagneront tant bien que mal leur vie.

Elle sera couturière et lui cuisinier, pour avoir été rejoint par son père, Misaak (né lui aussi en Russie en 1870), avec lequel il va ouvrir un restaurant arménien, nommé "Le Caucase", rue Champollion. Une fois les repas servis, il chante pour les clients, qui sont majoritairement des exilés d’Europe centrale, avant de prendre un café, rue du Cardinal-Lemoine, juste en face de l’École des Enfants du Spectacle, où l’on inscrira bientôt le petit Charles, qui rêvera de devenir acteur. Ainsi le chanteur a grandi dans une famille d’artistes et surtout de musiciens : Mamigon jouait du tar, du kamentche et du deff, les instruments arméniens traditionnels ; Knar et Aïda l’accompagnaient au piano.

La famille obtiendra la nationalité française, en 1947, après dix-neuf ans d’attente et même si Mamigon s’était en 1939 engagé dans l’armée française et dans la Résistance en 1941, sa famille secourant les Juifs.

Né en France le 22 mai 1924 à Paris et mort le 1er octobre 2018 à Mouriès, Charles, dira s’être toujours senti "Français jusqu’au bout des ongles". Peu importe sa généalogie. Généalogie au reste évidemment mal connue.







A suivre :


Pratique : 10 GEL =3,28806

Petit déjeuner (très copieux) à Tago : 20 GEL

Télécabine : 5 GEL/2

HOTEL NEW STAR - Tsikis Dziri 80 - AKHALTSIKHE - 1 nuit en chambre double : 64 GEL (PDéj compris) - Excellent hôtel situé en face la forteresse - Pleins d'attention pour les voyageurs (Une bouteille de vin et 2 bouteilles d'eau dans la chambre) - Un très bon accueil...


 

4 commentaires:

  1. Hop là ! On reprend des routes pas trop commodes…
    Et tu as eu le courage de monter dans cette cabine ? Bravo ! mais il semble que ça en valait la peine. Ce village est superbe, et on est quoi, 80 ans en arrière ?

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    1. Oui ! J'ai eu le courage, mais si tu regardes ma tête, tu comprendras que ce n'était pas en toute décontraction !!! C'est même de plus en plus dur pour moi !!! Je dois m'accrocher à mon "vieux"...

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  2. Bonjour les Briochins,
    Nous sommes le groupe de 9 bretons que vous avez rencontré plusieurs fois à partir de Sighnaghi, Khareba, Télavi... Nous avons même parlé du carrossier de la côte du nord à Lécousse et qui portait le même nom que vous...
    Je découvre avec plaisir votre blog EXTREMEMENT BIEN FAIT ET TRES INTERESSANT. Beaucoup de documentation, de l'humour et très bien écrit, bravo.
    Nous avons effectué le même itinéraire que vous jusqu'à Vardzia, puis le lac de Tabatskuri, Bakouriani, Borjomi et retour à Koutaissi pour prendre l'avion du retour jeudi matin 27 et retrouver notre Bretagne sous la canicule...
    Nous vous souhaitons une bonne fin de voyage en Géorgie. Et peut être à une autre fois, sur une autre destination!
    Alain

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    1. Salut les Bretons... Merci pour votre gentil message. Nous sommes rentrés hier soir, mais pour la canicule, on repassera !!! Nous avons fini par Tbilissi que nous avons beaucoup apprécié (avec bains et massages pour terminer.
      A bientôt (peut-être !!!)
      Maguy & Daniel

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