ARMENIE : Un premier papier d'Arménie

Vendredi 31 mai 2019

 On s'est envoyé en l'air le jour de l'Ascension !!! 😇 Après une courte escale à Bucarest, notre avion s'est posé à Yerevan (ou Erevan en français). Et on va devoir jongler avec les «  drams»  (Ouf ! Rien de grave ! C'est la monnaie du pays !!!). Et c'est bon à savoir : Dago, c'est l'amoussine et Maguy, c'est la guine (et pas la guigne, SVP) !!! Il est 5 heures, Erevan s'éveille et nous, on a un peu sommeil. Il fait déjà 20° ...

Alors pour commencer on vous présente un peu le pays !

Que connaît-on de l'Arménie ? Charles Aznavour ! Le génocide ! Peu de chose en fait ! Qui a rêvé de visiter ce pays ? Peu de monde sans doute ! La disparition de Charles a un peu attisé notre curiosité et aussi l'envie de sortir des sentiers battus... Après Bali et une croisière sur la Volga une année de Coupe du Monde de Foot, partir vers des destinations moins courues, cela nous tentait un peu !

Grecs, Romains, Mongols, Seldjoukides, Perses, Ottomans, Russes… Son histoire a connu les grands empires d’Orient et d’Occident, vécu toutes les invasions, survécu à tous les envahisseurs. De 1875 à 1918, elle a même été rayée des cartes du monde. Et pourtant, la culture et le peuple arméniens n’ont jamais cessé d’exister. 

Juste un peu plus grande que la Bretagne, l’Arménie actuelle représente un dixième de l’Arménie historique. Demander d'ailleurs à un Arménien quel est son leader politique préféré, il répondra Tigrane II le Grand... Hum ! Hum !  Vous ne connaissez pas ??? Soyez tranquilles, on ne vous en veut pas ! On ne le connaissait pas plus que vous ! Un roi mort en 55 avant J.C.... Pourquoi donc cette réponse ? Simplement car, sous son règne, l'Arménie va atteindre son apogée : elle s'étend alors de la Mer Noire, à la Mer Méditerranée et à la Mer Caspienne et englobe le Mont Arafat !!! (on en reparlera !). C’est au XIXe siècle qu’elle fut dominée par l’empire russe, et pendant la première guerre mondiale le génocide arménien eut lieu, exterminant tous ceux qui vivaient dans l’empire ottoman. (À partir du 24 avril 1915, le gouvernement "Jeune Turc" de l’Empire ottoman décide d’en finir avec la minorité arménienne vivant dans l’actuelle Turquie et organise la déportation et le massacre de 1 200 000 Arméniens, perpétrant ainsi le premier génocide du XX^e siècle). L’Arménie entretient une relation très conflictuelle avec son voisin l'Azerbaïdjan car les deux pays se disputent un territoire frontalier, le Haut-Karabagh.

Les principales ressources agricoles sont les céréales, la pomme de terre, le tabac, les légumes (Miam !), les fruits (Miam ! Miam !) et la vigne (Miam ! Miam ! Miam !). Les montagnes sont vouées à l’élevage traditionnel d’ovins et de bovins.

Mais pour vous situer un peu, voici la carte de la région. Un mouchoir de poche, l'Arménie !

Côté religion, ce fut le premier pays à adopter le christianisme comme religion d’état (il y a 17 siècles environ). La religion était interdite pendant la période soviétique, mais les Arméniens sont restés très croyants et suivent l’église apostolique et autocéphale, une branche particulière du christianisme dirigée par un Catholicos. Près de 4000 églises ont été conservées. Courage pour les visites !!! Une petite précision cependant : la Bretagne compte plus de 5000 chapelles !!!

Un pays du coin qui ne se termine pas par "STAN" ? Bizarre, non !!! Le suffixe "STAN" désigne un lieu.

• Afghanistan (« pays des Afghans »)
• Kazakhstan (« pays des Kazakhs »)
• Ouzbékistan (« pays des Ouzbeks »)
• Pakistan (« pays des purs »)…

Mais… En arménien, Arménie se dit Hayastan (transcription littérale du mot Հայաստան). Et voilà ! On comprend tout !!! Encore que : tout près de chez nous, existe bien Plestan !!! Y aurait-il d'autres similitudes avec le breton ???

L’alphabet arménien, créé en 405, compte trente-huit caractères. Il est propre à la nation arménienne. La langue arménienne écrite est le grabar. Il va falloir décrypter !!! Je crois qu'on va être souvent dans la panade !  Pour nous aider, on aura peut-être l'occasion de rencontrer un Vardapet (un moine érudit !)... Le russe est encore beaucoup parlé. On compte donc sur Dago ! Il est parfaitement russophone pour dire : "Bonjour", "Merci !", "Comment ça va ?" Avec ça on est sauvé !!! 😉

Mais le saviez-vous ? Ils (ou elles) ont des origines arméniennes : Charles Aznavour (bien sûr), Michel Legrand, Sylvie Vartan, Alain Prost, Youri Djorkaeff, Alain Boghossian, André Agassi, Alice Sapritch, Laurent Terzieff, Alain Manoukian, Garry Kasparov, Henri Verneuil, Edmond Rostand, Henry Troyat, Edouard Balladur, les soeurs Kardashian, et bien d’autres… (le “ian” à la fin veut dire “fils de”, en perse)… En 1669 Colbert, ministre de Louis XIV, avait autorisé des Arméniens à pratiquer le commerce à Marseille ; beaucoup de réfugiés choisirent la France comme "terre d'asile". Leurs descendants seraient plus de 500 000 à ce jour, bien "intégrés", bien que fidèles à leurs racines et à leur religion.
 
A bientôt ! Տեսեք շուտով

Les potins de la commère :

Tigrane II le Grand (vers -140 à -55 av. JC)  - 

Roi d’Arménie de -95 à -55 av. JC

(C'est un peu long  mais il est mort à 85 ans !!!)

Tigrane II, dit Tigrane le Grand (Տիգրան Մեծ en arménien) (-140 à -55)  fut un souverain arménien.

Mithridate II de Parthie attaque l'Arménie et prend Tigrane, alors héritier du trône, en otage. Ce n'est que des années plus tard que le prisonnier sut négocier sa libération par la cession de 70 vallées. 

Devenu Roi, Tigrane met en place une politique visant à consolider son pouvoir royal et pour ce faire il doit réduire l'influence de la haute noblesse arménienne. Une fois fait, il noue une alliance avec Mithridate VI Eupator du Pont dont il épousa la fille, Cléopâtre. Jusque là, la politique de Tigrane avait eu une visée exclusivement régionale mais cette alliance avec un homme manœuvrant pour mettre fin à la domination romaine sur l'Asie Mineure et la Grèce allait le faire entrer en conflit avec les Romains.

Dans la décennie suivante, Tigrane ne semble pas avoir poursuivi de politique anti-romaine. Tout au contraire, il se tient le plus longtemps possible à l'écart du conflit latent entre son beau-père et les Romains. Pour lui, la menace ne vient pas de l'ouest mais de l'est. Or, à la même période, l'Empire parthe est affaibli par une série de catastrophes simultanées : la mort de Mithridate II, des dissensions internes et une invasion des Scythes. L'occasion est inespérée, Tigrane lance une terrible guerre contre les Parthes. Les vallées qu'il avait été contraint de céder sont reconquises et de -88 à -85 se succèdent une série de campagnes qui ravagent la Médie.

L'Arménie s'agrandit. C'en est assez pour justifier sa prise du titre de «Roi des Rois». Cicéron dit de lui qu'il fait trembler la république romaine par les prouesses de ses armées. En -83, les Syriens, fatigués des luttes dynastiques, lui offrent leur couronne. Durant cette même année et dans les années qui suivent, Tigrane contrôle un immense territoire de plus d'un million de kilomètres carrés entre Alpes pontiques, Mer Caspienne et Mer Méditerranée, du Caucase à la Mésopotamie. 

Bientôt, il devient nécessaire de fonder une nouvelle capitale : Tigranakert (signifiant en arménien : «bâti par Tigrane»), aux frontières de la Grande Arménie et de la Mésopotamie (c'est peut-être l'actuelle Diyarbakir en Turquie). Puis il faut la peupler... Tigrane déplace de nombreux habitants des villes conquises et des prisonniers, environ 100.000 personnes. Les historiens grecs et romains ne tarissent pas d'éloge à son propos. 

L'administration est différente selon les régions de l'empire. Dans le but d'homogénéiser son empire disparate, Tigrane va encourager un processus déjà en cours en Arménie et dans la région : l'hellénisation. Le grec devient langue de l'administration et de la cour, où sont invités des lettrés grecs dont Métrodore de Scepsis, qui rédigera une «Histoire de Tigrane». Ce n'est pas seulement la culture grecque, c'est toute la société qui est hellénisée. La nouvelle capitale, Tigranakert, est bâtie selon un modèle hellénistique avec une acropole, un palais royal, et même un célèbre théâtre. Le panthéon arménien est progressivement assimilé aux dieux grecs. L'armée aussi est incluse dans le mouvement. (Cette armée dont les membres venaient d'horizons divers ne survécut pas à la mort de Tigrane).. 

En parallèle se trouve aussi une influence iranienne. La structure sociale de l'Arménie proprement dite correspond au modèle parthe et non à celui des cités-états grecques.

Tigrane est finalement emporté malgré lui dans une troisième guerre (-74 à -63) opposant la République romaine à son beau-père Mithridate VI. En -72, les Romains forcent le Roi du Pont à fuir en Arménie où son beau-fils l'accueille à contrecœur et lui assigne une résidence "surveillée". Lucullus envoie à la cour de Tigrane son beau-frère Appius Claudius Pulcher avec pour mission de demander l’extradition du Roi du Pont mais celui-ci refuse. C'est alors que Lucullus lui déclare la guerre. En -69, les armées romaines commandées par Lucullus envahissent l'Arménie. C'est à cause de la trahison de certains de ses gardes que la capitale impériale fut prise le 6 octobre -69. Tigrane qui avait eu le temps de gagner l'Arménie profonde envoya alors 6.000 cavaliers chargés de sauver les siens et ses biens.

Une seconde grande bataille se déroula devant les portes d'Artachat, l'ancienne capitale où 70.000 hommes des forces combinées de l'Arménie et du Pont affrontèrent les forces de Lucullus. Mais à la suite de lourdes pertes, les légions romaines se révoltèrent, et Lucullus fut contraint de se retirer vers le sud. La Syrie fut arrachée à l'empire arménien et on replaça sur son trône un Séleucide, Antiochos XIII. On considéra malgré tout son intervention comme un échec et il fut remplacé par Pompée.

Impatient de régner, Tigrane le Jeune qui a épousé la fille de Phraatès III se révolte contre son père. La rébellion échoue. Mais avec la «défaite» de Lucullus et l'incertitude de la suite des événements, Phraatès III (roi des Parthes) hésite sur la marche à suivre. L'invasion lancée, il assiège Artachat mais, craignant que la bataille ne s'éternise trop pour son armée inexpérimentée en ce domaine, Phraatès III laisse des troupes à son gendre et retourne dans ses États. Laissé seul, le fils est rapidement vaincu par le père.

Tigrane II soupçonne son épouse Cléopâtre et son beau-père, Mithridate VI, d'être les instigateurs de la rébellion. Son fils est finalement contraint de proposer ses services à Pompée dans sa guerre contre les Arméniens. Alors que pendant ce temps, Tigrane a récupéré une partie conséquente de son empire et est définitivement en froid avec Mithridate VI.

-66 sonne le glas de l'empire arménien. Pompée entre en vainqueur dans Artachat et voit se soumettre à lui un roi déchu alors âgé de 75 ans. 

Pompée prend pourtant la décision de le traiter avec générosité. En échange d'un paiement de 6.000 talents d'argent, il peut conserver la Grande-Arménie mais il doit cesser toute prétention sur ses anciens territoires, la Petite-Arménie est livrée à Déjotarus, Roi des Galates, et Tigrane "le Jeune" a lui été fait Roi de Sophène. Toutefois, ce dernier  une fois nommé, s'attira l'hostilité de Pompée en refusant d'effectuer des paiements à la charge du trésor de Sophène et il perdit son soutien Romain. Tigrane II put savourer sa vengeance.

Cléopâtre échappa à son époux et vécut le reste de sa vie dans le royaume du Pont, la patrie de son père. Tigrane eut 3 fils. Zariadrès aurait été tué par son père et Tigrane le Jeune son autre fils infidèle fut envoyé à Rome avec sa femme et ses enfants comme prisonnier. Il s'évada en 58, avec l'aide de Publius Clodius Pulcher. Son autre fils Artavazde III succèdera à son père.
 

Désormais allié de Rome, Tigrane II continue de régner sur l'Arménie jusqu'à sa mort survenue en -55 à l'âge très respectable de 85 ans. 

Tigrane est le premier en Arménie à battre monnaie. Les pièces de son règne sont rares et activement recherchées par les collectionneurs.
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles nombreux furent les compositeurs italiens, autrichiens ou encore allemands à lui dédier des opéras.
De nos jours, Tigrane le Grand est un personnage populaire en Arménie. On lui a érigé une statue monumentale à l'entrée de la résidence du Président de la République, à Erevan. On lui a aussi rendu hommage en instituant l'Ordre de «Tigrane le Grand », décoration décernée pour services exceptionnels rendus à l'État.

A suivre :

Arménie - YEREVAN : un sacré "kognac" !

PRATIQUE :

• Avion réservé avec GO VOYAGES début avril - Compagnie d'aviation TAROM
  Aller le jeudi soir 30 mai : Paris CDG à Erevan via Bucarest (escale de 1h10) - Départ à 19h40 - Arrivée à 4h10 (Décalage horaire : +2h)
  Retour le dimanche matin 30 juin : Tbilissi à Paris CDG via Bucarest (escale de 2h10 en théorie, mais décalage : -1h)) - Départ à 4h45 - Arrivée à 11h00 heure locale
  Coût du vol multi-destinations : 313,48 € par personne, bagages en soute compris 

Le trajet n'est pas long en soi (5h30 environ, si l'avion n'a pas de retard, mais ce n'est pas un vol direct, courte escale cependant... Surtout, comme la majorité des vols pour Erevan, arrivée dans la nuit... )